Le photographe paysagiste Gianni Saccardo : « Le contact avec la nature me fait sentir vivant ».

Pour Gianni Saccardo, la photographie de paysage est plus qu’un moyen de documenter le monde, c’est un moyen de se sentir pleinement vivant. Dans cette interview, le photographe italien parle de son lien profond avec l’extérieur, de son processus créatif et de la façon dont Affinity l’aide à renforcer le sentiment qui se cache derrière chaque image.

Quand avez-vous pris pour la première fois un appareil photo ou commencé à vous intéresser à la photographie ?

Je m’en souviens comme si c’était hier. J’avais neuf ans lorsque mon père m’a confié une tâche de grande responsabilité : prendre une photo de lui et de maman. Tenir cette petite boîte en métal dans ma main a déclenché une passion pour la photographie et tous ses secrets - une passion qui ne s’est jamais éteinte et qui est encore vivante aujourd’hui.

Qu’est-ce qui vous a attiré dans la photographie de paysage ?

Cela a beaucoup à voir avec ce que je suis en tant que personne. J’ai toujours aimé les activités de plein air : le ski, l’escalade et la marche en altitude. Le contact avec la nature éveille en moi quelque chose de primitif et de profond qui me fait me sentir vivant. Le fait d’être confiné entre quatre murs, même à la maison, me donne l’impression d’être pris au piège, alors chaque fois que j’ai l’occasion de faire l’expérience de la nature, c’est pour moi l’occasion de me reconnecter à moi-même.

Il n’y a, à mon avis, rien de comparable à la sensation d’être seul dans la nature, de la voir s’éveiller ou s’endormir naturellement avec le cycle du soleil, et de capter sa lumière changeante. À partir de là, l’étape était simple : capturer avec un appareil photo ce que mon œil voyait déjà.

Qu’essayez-vous de communiquer avec vos photographies et comment y parvenez-vous ?

J’essaie d’honorer la magnificence de la nature. Notre planète est d’une beauté unique. À travers les époques, les bouleversements et les changements constants, elle reste inlassablement fascinante. Ce que nous avons perdu dans la vie quotidienne, c’est le sentiment d’émerveillement devant cette beauté qui, pour moi, est inégalée.

Avec mes photos, je veux rappeler aux gens le privilège qu’ils ont d’être les témoins d’une telle majesté. Cela vient en partie de ma recherche d’endroits cachés ou peu connus, de moments qui me permettent d’exprimer des sentiments et des idées que je n’aurais peut-être pas pu formuler autrement. Ces expériences sont souvent profondément personnelles, mais elles ont aussi le pouvoir de captiver les autres.

Consacrez-vous beaucoup de temps à la planification avant de vous rendre sur place ?

Oui, la planification représente une très grande partie de mon travail - ce que l’on appelle la partie immergée de l’iceberg. Je ne crois pas à la devise « être au bon endroit au bon moment ». Non pas que le destin n’existe pas, mais pour moi, la photo a déjà une forme définie dans mon esprit avant même d’être dans l’appareil. Il est nécessaire de planifier consciemment tous les éléments qui rendent la chose réelle : la météo, la lumière, l’heure de la journée, l’emplacement, le point de vue, la longueur focale et la configuration de l’appareil photo.

Pendant des semaines, cette planification devient presque une douce obsession à l’arrière-plan de tout le reste. Si cela ne tenait qu’à moi, j’essaierais de planifier même l’impossible. J’en ai besoin pour que ce que j’envisage corresponde à l’image que je peux capturer. Cependant, lorsque je suis sur le terrain, il est important de s’adapter à l’inattendu, qui peut vous surprendre et se transformer souvent en inspiration. Comme on dit, l’inattendu est toujours au coin de la rue !

Quel est le moment de la journée que vous préférez pour photographier ?

Mon moment préféré est sans aucun doute le lever du soleil. Le lever du soleil n’est pas seulement le moment où la lumière est la plus belle. C’est cet instant unique où tout semble être à deux doigts de l’éveil. Comme le silence qui précède le début d’un concert, cette brève seconde où l’on sait que quelque chose de merveilleux est sur le point de commencer. C’est le moment le plus précieux pour moi.

Nous avons été ravis d’apprendre que vous utilisez Affinity pour vos retouches. Comment avez-vous découvert l’application et qu’est-ce qui vous a impressionné ?

Je travaille également dans le graphisme et, vers 2018, je me souviens d’être arrivé à une petite impasse. Une fois de plus, je me suis sentie piégé par les normes graphiques du paysage traditionnel. Pour moi, mes outils sont une chose sur laquelle je ne peux pas, et ne veux pas, faire de compromis. J’avais besoin d’un logiciel qui me réponde comme une extension de moi-même, m’aidant à obtenir sans effort les résultats que j’imaginais.

J’ai découvert Affinity en ligne et une fois que j’ai commencé à l’utiliser, j’ai réinventé mon entreprise. Enfin un logiciel intuitif, simple et complet qui évite les complications et les contournements inutiles. Je suis quelqu’un qui aime aller droit au but, et Affinity le reflète parfaitement. Il me va comme un gant.

Quel type d’édition faites-vous sur vos images ? Quel est votre objectif en ce qui concerne le résultat final ?

Je travaille principalement sur les contrastes et les couleurs, dans le seul but de corriger les limites techniques de mon appareil photo. Mon objectif est toujours de rendre l’image aussi naturelle que possible et, surtout, fidèle à ce que mon œil a vu, et pas seulement à ce que l’objectif a capturé. Pour moi, le naturel et l’authenticité sont essentiels dans une photo. L’édition doit être perçue comme une main invisible, qui corrige les imperfections sans altérer le résultat global.

Comment pensez-vous avoir évolué en tant que photographe au cours des deux dernières années ?

Pour moi, la photographie est un voyage où l’on n’arrive jamais vraiment, mais où l’on peut toujours continuer à progresser. Ce que je peux dire avec certitude, c’est que le fait de mieux connaître mon équipement m’a aidé à faire de meilleurs choix, en particulier lorsque je sélectionne des lentilles qui reproduisent fidèlement ma vision, tout en gardant l’œil ouvert sur des détails que je négligeais auparavant. Cette croissance vient avec l’expérience, mais comme je l’ai dit, il ne s’agit pas d’un point d’arrivée, juste d’une autre étape du voyage.

Avez-vous une photo préférée et, si oui, pouvez-vous nous raconter son histoire ?

Oui, c’est vrai. Et l’histoire est assez drôle, car je n’ai même pas pris la photo ! C’était pendant des vacances en famille en Toscane, notre premier voyage avec notre petite fille, qui avait huit mois à l’époque. Le plan consistait à se lever tôt et à se rendre au Podere Belvedere à l’aube pour prendre ce qui est considéré comme une photo classique pour tous ceux qui visitent le Val d’Orcia. Comme tout parent le sait, faire la grasse matinée est un luxe, alors comme nous étions tous déjà réveillés très tôt, nous avons décidé d’y aller ensemble.

Naturellement, le lever de soleil brumeux et saisissant avait attiré de nombreux photographes, tous si bien équipés que mon propre matériel semblait presque un jouet en comparaison. On aurait dit un peloton d’exécution prêt à tirer. Nous avons réussi à obtenir la dernière place dans la file d’attente et, presque immédiatement, j’ai pris ma photo. « Ok, c’est bon », ai-je dit à ma famille, surprenant les autres photographes qui n’en revenaient pas que j’aie fini si vite.

Alors que je remballais, j’ai soudain entendu mon appareil photo se déclencher à nouveau - ma petite fille avait appuyé sur l’obturateur. Et le plus drôle, c’est que sa photo est bien meilleure que la mienne. La chance du débutant, j’aime à le dire. Ou peut-être que ces nouvelles générations ont tout simplement un talent incroyable ! Voici la photo qu’elle a prise :

Quels sont les prochains lieux sur votre liste, et y a-t-il un lieu de rêve que vous aimeriez photographier un jour ?

Dans l’immédiat, je prévois de faire le tour de la Ligurie et de retourner au Mont Blanc, un endroit que j’affectionne particulièrement et qui m’a déjà offert plus d’une belle photo. J’ai la chance de vivre dans une région du monde qui offre des vues époustouflantes d’une rare beauté.

Bien sûr, j’ai beaucoup de rêves, et la plupart d’entre eux sont marqués comme des épingles sur ma carte personnelle. Mais l’endroit dont je rêve le plus est l’extraordinaire Salar de Uyuni, en Bolivie. C’est un endroit magique que j’aimerais voir au moins une fois dans ma vie et que je ne pourrais pas visiter sans appareil photo.

Enfin, quels conseils donneriez-vous à un débutant désireux d’améliorer sa photographie de paysage ?

Soyez cohérent. Chaque échec est un pas en avant vers votre objectif. Cela peut sembler évident, mais c’est en pratiquant que l’on devient parfait. Sans un regard objectif sur nos erreurs, en photographie comme dans la vie, la croissance et l’amélioration ne sont pas possibles.

On ne cesse jamais d’apprendre au cours de cette aventure passionnante. C’est pourquoi je conseille à tous ceux qui débutent dans la photographie de paysage d’acquérir avec patience et persévérance des connaissances dans tous les domaines susceptibles de les aider : météo, composition, techniques de prise de vue, post-traitement, et bien d’autres encore. Comme l’a dit un jour le golfeur Jerry Barber : « Plus je m’entraîne, plus j’ai de la chance ».

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