Accéder au contenu principal

Paul V Harrison : capturer les détails de la nature grâce à la macrophotographie

11 min. de lecture Date de publication

Depuis le scintillement délicat de la carapace d’un coléoptère jusqu’aux motifs kaléidoscopiques d’une araignée-paon, le macrophotographe Paul V Harrison révèle la beauté extraordinaire cachée dans les moindres recoins du monde naturel. Installé en Australie-Occidentale, Paul allie la précision scientifique à la curiosité artistique pour capturer des images qui révèlent ce qui échappe souvent à l’œil nu. Dans cet entretien, il raconte comment il a commencé, ce qui l’attire dans la photographie d’araignées et comment Affinity joue un rôle clé dans son flux de post-traitement.

Paul, parle-nous un peu de toi et de ton parcours photographique.

Je suis originaire du Lancashire, au Royaume-Uni, mais je vis actuellement à Perth, en Australie-Occidentale. J’ai toujours été intéressé par la photographie ; mon premier appareil photo était un Kodak Retinette d’occasion, puis je suis passé aux appareils photo argentiques Pentax.

Jusqu’à l’université, j’étais très attiré par la photographie, mais la vie professionnelle s’en est mêlée et je me suis contenté de prendre des photos souvenirs de personnes et de lieux. J’ai une formation scientifique en géologie et en géophysique et j’ai eu la chance de vivre et de travailler dans de nombreuses régions du monde au cours des 30 dernières années.

Ces dernières années, j’ai eu plus de temps pour développer mes compétences et, lorsque j’ai été licencié en 2019, j’ai profité de l’occasion pour consacrer encore plus de temps à la photographie. Perth possède une scène photographique très active et compétente, et j’ai pu apprendre auprès d’experts dans différents domaines de l’art.

Qu’est-ce qui t’a conduit dans l’univers de la macrophotographie ?

Enfant, j’ai grandi en regardant la série Life on Earth de David Attenborough et j’ai toujours été fasciné par la nature et les grands espaces. Mes premières tentatives de macrophotographie ont été faites avec un Pentax ME Super, un objectif de 50 mm monté sur une bague d’inversion et un petit flash manuel.

Photographier sur diapositive Fuji ne permettait pas de vérifier les images comme on le fait aujourd’hui en numérique ; je notais donc les réglages dans un carnet pour trouver les meilleures options lors des prises de vue suivantes. Autant dire que la plupart des photos étaient ratées, mais cela n’a jamais entamé mon envie de recommencer.

La macrophotographie et l’astrophotographie sont probablement mes domaines de prédilection, mais j’aime la plupart des formes de photographie, des prises de vue en studio à la photo de rue et de voyage.

Il y a toujours quelque chose de nouveau à apprendre. Photographier un portrait en studio n’est pas si différent que de capturer une araignée dans son environnement naturel ; je cherche donc constamment ces passerelles qui peuvent faire évoluer ma photographie vers un niveau supérieur.

La photographie me donne également plus d’excuses pour voyager et visiter des endroits qui n’auraient peut-être pas figuré sur ma liste. J’ai eu la chance de me rendre en Inde au début de l’année 2020 pour le festival de Holi à Vrindavan. Trois jours à réaliser des portraits dans des temples sombres, tandis que l’eau et les poudres colorées volaient partout, ce n’était pas exactement l’idée que je me faisais d’une expérience idéale au départ, mais j’ai adoré et je retournerai sans aucun doute en Inde.

Qu’est-ce qui fait des araignées un sujet aussi intéressant à photographier ?

Je n’ai découvert les araignées-paons qu’en 2016. Je photographiais une fleur dans un parc de Perth quand une petite tache rouge a traversé le cadre. J’ai pris quelques photos, puis j’ai profité de la magie d’Internet pour découvrir qu’il s’agissait d’un Maratus clupeatus.

Ces minuscules araignées sauteuses (généralement de 2 à 5 mm) sont tout simplement incroyables. Elles ont une excellente vue, qu’elles utilisent pour chasser leurs proies ; elles sont donc très conscientes de la présence humaine et observent attentivement quand on essaie de se placer pour les photographier. Pendant la saison de reproduction, les mâles arborent des plumages aux couleurs les plus extravagantes, et de nombreuses espèces exécutent des danses complexes pour attirer l’attention des femelles.

Leurs couleurs et leurs yeux en font des sujets parfaits pour la macrophotographie, et de nouvelles espèces continuent d’être découvertes partout en Australie. L’Australie-Occidentale, en particulier, semble particulièrement gâtée en variétés : on en trouve dans de nombreux habitats, des sommets de montagnes isolées jusqu’aux dunes qui bordent les plages.

J’ai trouvé plusieurs sites à moins de 15 minutes en voiture de chez moi où je peux les photographier dans leur habitat naturel, ce qui fait clairement partie de leur attrait. J’aime pouvoir partager des photos de ces créatures étonnantes et j’espère que la sensibilisation contribuera à protéger ces poches locales de biodiversité.

Comment faire pour prendre la photo macro parfaite ?

Pour commencer, reste prudent. C’est toujours une bonne idée de passer en revue la zone de brousse où tu t’apprêtes à entrer, tous les reptiles d’Australie ne sont pas des animaux de compagnie très sympathiques !

Comme pour toute prise de vue, bien connaître ton matériel est essentiel. L’un des avantages du flash, c’est que les réglages bougent peu pendant la séance ; tu peux donc te concentrer sur le cadrage, réduire les distractions à l’arrière-plan et soigner la mise au point. J’aime tout photographier en manuel, y compris la mise au point, afin de pouvoir empiler facilement les mises au point plus tard dans Affinity.

J’encourage aussi les gens à se renseigner un peu sur leur sujet : quelle est la meilleure saison, à quel moment de la journée shooter, quels sont les habitats typiques, etc. Il faut souvent beaucoup de patience, et un peu de chance ne fait jamais de mal non plus !

Et pour finir, pense à investir dans une petite formation. En tant que photographes, on a souvent tendance à dépenser de l’argent pour du nouveau matériel, alors que bien souvent, c’est plutôt une mauvaise technique qui freine vraiment nos photos.

Quel matériel utilises-tu actuellement, en particulier pour la macrophotographie ?

En ce moment, je photographie avec un Canon 5D Mk IV, et mon objectif fétiche est le redoutable Canon MP-E 65 mm macro. Je l’utilise avec un flash Yongnuo YN24EX et quelques diffuseurs faits maison. J’utilise aussi un objectif macro Sigma 105 mm, que je trouve mieux adapté aux sujets floraux.

J’ai commencé uniquement avec le Sigma, qui permet d’atteindre un rapport de grossissement de 1:1. Avec des bagues allonge, je pouvais encore m’approcher davantage. Après quelques saisons à photographier avec ce matériel, je me suis senti prêt à passer au MP-E. Cet objectif démarre à 1:1, et je photographie généralement les araignées sauteuses à main levée, à un grossissement de 2:1 ou plus.

Quels réglages recommanderais-tu à celles et ceux qui débutent en macrophotographie ?

Avoir un objectif macro correct est déjà un excellent début. Beaucoup d’objectifs servent aussi très bien pour le portrait, donc il n’a pas forcément besoin d’être spécialisé macro. J’ai commencé par photographier des fleurs : elles bougent beaucoup moins que les araignées ! Tu peux photographier sans flash, mais dès que tu arrives à un rapport de 1:1, un éclairage supplémentaire quelconque simplifie énormément les choses. Tu devras aussi shooter à la vitesse de synchro de ton flash, ou juste en dessous.

Il existe des diffuseurs que tu peux fabriquer chez toi pour utiliser un flash cobra classique monté sur l’appareil pour ton travail macro. Je te conseille de regarder quelques tutos sur YouTube. J’augmente également légèrement la sensibilité ISO, à 160 ou 200, pour que le flash n’ait pas à travailler autant lors des prises de vue en rafale.

La profondeur de champ est le principal défi technique de la macro : elle est extrêmement réduite. Je ferme généralement à environ f/7,1 pour gagner un peu de profondeur de champ tout en conservant la netteté. Apprends à photographier à main levée en mode rafale à mesure que tu t’approches du sujet, c’est plus délicat qu’il n’y paraît, mais si tu parviens à garder les plans focaux parallèles, les images s’empileront plus facilement en post-production.

La fonction d’empilement de mise au point dans Affinity te permet d’ajuster quelles images contribuent à la pile, et certaines séries peuvent demander un peu plus de temps pour obtenir le bon rendu.

Parfois, le manque de profondeur de champ peut être utilisé à bon escient dans une seule prise de vue pour isoler une partie précise d’une fleur ou d’une créature. Enfin, ne te précipite pas pour photographier le plus petit sujet possible : la nature regorge de beautés incroyables sans qu’il soit nécessaire de travailler systématiquement au rapport 1:1 ou plus.

Je publie tous les réglages de chaque prise de vue sur mon compte Instagram (@pvharrison) ; tu peux donc toujours y jeter un œil pour t’inspirer.

Qu’est-ce qui t’a d’abord attiré vers Affinity, et comment l’utilises-tu dans ton flux de post-traitement pour différents types de photos ?

J’ai commencé à utiliser Affinity en mai 2017, lorsque j’ai commencé à prendre la photo plus au sérieux. Au départ, ce qui m’a plu, c’est qu’il proposait l’empilement de mise au point et une licence perpétuelle plutôt qu’un abonnement. J’ai suivi la plupart des tutoriels YouTube et j’adore la flexibilité qu’Affinity m’offre en post-traitement.

Pour la macro, le post-traitement est généralement assez simple. Je préfère garder des couleurs naturelles, mais j’utilise un peu de dodge & burn sélectif pour faire ressortir le sujet. L’Outil Pinceau de retouche me sert toujours à enlever la poussière de capteur sur les fichiers finaux. La macro a le chic pour rendre chaque grain de poussière très visible !

J’utilise beaucoup d’autres fonctions du logiciel pour traiter mes paysages et mes images d’astrophotographie grand champ.

As-tu un souvenir ou une expérience particulièrement mémorable en photo ?

Photographier les aurores boréales en Islande en 2018, c’était inoubliable. J’ai eu la chance d’y être avec le regretté Dale Sharpe et un petit groupe de photographes. Il était trois heures du matin, il faisait un froid glacial et nous étions debout depuis avant le lever du soleil, mais le ciel partait complètement en vrille et l’énergie du groupe était incroyable. Chaque fois que je regarde l’une des photos de cette nuit-là, j’y suis aussitôt replongé.

Quelle est ta photo préférée à ce jour, et pourquoi ?

Difficile de répondre, car j’ai toujours la tête tournée vers la prochaine séance. Mais la saison dernière, j’ai enfin réussi à photographier un Maratus azureus mâle en pleine parade. Il m’a fallu deux ans pour obtenir cette photo, et j’étais absolument ravi.

J’avais trouvé une femelle sur un bâton isolé et je surveillais sa position tout en suivant le mâle. Je me suis donc mis en place assez tôt et j’étais prêt à déclencher dès qu’il a commencé sa parade. Le flash diffus a joliment mis en valeur ses couleurs sur un fond sombre et minimaliste.

Est-ce qu’il y a une photo qui ne figure pas dans ton portfolio, mais qui te rappelle toujours de bons souvenirs ? Si c’est le cas, quelle est l’histoire qui se cache derrière ?

En fin de compte, les photos qui me touchent le plus sont celles de mes amis proches et de ma famille. Elles ne sont généralement pas les plus abouties sur le plan technique, mais ce sont clairement celles qui comptent le plus pour moi. J’ai une photo en noir et blanc de mon père que j’ai prise dans la région des lacs anglais quand j’étais encore à l’université, et elle reste l’une de mes préférées.

Si tu pouvais photographier n’importe où dans le monde, où irais-tu et pourquoi ?

Il y a trop d'endroits. J’ai remarqué que plus on voyage, plus on a envie de voir et de vivre de nouvelles choses. J’adorerais photographier l’Arctique et, même si je suis déjà allé trois fois au Népal (pour les fans de Gavin et Stacey ), j’aimerais retourner dans l’Himalaya avec mon gros boîtier.

Cela dit, je suis convaincu que l’une des clés du bonheur, c’est de profiter pleinement de ce que l’endroit où l’on vit peut offrir. En attendant, je passerai mon temps libre à traquer d’autres araignées de paon dans le sud-ouest de l’Australie-Occidentale et à profiter du fabuleux ciel noir que nous avons ici.

Quels sont, selon toi, les aspects les plus gratifiants et les plus difficiles de ton travail ?

Sans aucun doute, la partie la plus gratifiante est l’organisation de cours particuliers en tête-à-tête pour aider les autres à développer leurs compétences, leurs techniques et leur vision de la photographie. Ma fascination d’enfant pour la nature ne m’a jamais quitté, et ça me réjouit de voir quelqu’un prendre sa toute première photo d’une araignée-paon.

C’est toujours gratifiant d’être dehors à prendre des photos, même si tu ne reviens pas toujours avec quelque chose d’extraordinaire. Je suis le plus heureux sur le flanc d’une montagne ou dans les vagues jusqu’aux genoux, à attendre que la lumière change.

En tant que scientifique de formation, je suis très à l’aise avec les aspects physiques et techniques de la photographie. Mon défi, maintenant, c’est de continuer à développer le côté artistique de mon travail.



Découvrez d’autres photographies de Paul sur son site web et sur Instagram à @pvharrison.

À propos de l’auteur

Je suis photographe professionnel, créateur de contenu passionné et pédagogue, et j’adore utiliser la photo pour documenter, transmettre et inspirer les autres. J’adore la technologie et la retouche, des outils modernes qui nous permettent d’imaginer et de créer des résultats bluffants.

Photographe et expert en produits
Photographe et expert en produits

Partager l’article

Libérez vos fichiers

Commencez à créer avec Affinity dès aujourd’hui.

Ce navigateur n’est plus pris en charge. Veuillez mettre à niveau votre navigateur pour améliorer votre expérience. En savoir plus.